mercredi 8 février 2017

La vie est dure, moi aussi. 2



Hier un ami m'a appelée.
Je lui  dis combien je me sens seule malgré la chaleur de mes tout proches. Il ne comprend pas tout de suite et je lui explique que si j'avais des problèmes au genou ce serait sans doute plus simple pour venir m'en parler mais que là que je fais peur à la fois à ceux qui fuient la maladie et à ceux qui ne veulent pas entendre parler de ce que nous avons entre les jambes. Il me dit surpris et rigolard (je l'entends dans sa voix chaude qui traine l'accent de sa région, une voix que j'aime) : - Ah ! C'est pipiland qui fait peur ?
Oui, bien sur que c'est ce qui fait peur.
Il me dit :- C'est terrible, pourtant moi j'ai mal pour toi.
C'était suffisant pour me redonner un peu de courage, il avait trouvé les bons mots,  ces mots dits simplement qui me signifiaient que j'étais encore existante même dans le monde effrayant de pipiland.
Des mots qui me disent que je ne suis pas un déchet social et qu'il y aura peut être un jour encore un peu de glamour dans mon sourire.
Il est venu me dire que je ne lui faisais pas peur. 


En début d'après midi, j'ai fini par arriver à voir mon médecin généraliste.
Lui aussi, il a eu les mots pour me dire qu'il était là.
Devant mon débordement de larmes, il est parti découper un immense morceau du rouleau de papier qui recouvre sa table d'examen, me l'a tendu en disant : - J'ai trouvé un kleenex géant !
Il m'a expliqué tous les pourcentages écrits sur mon bilan, m'a rassurée en me disant clairement et distinctement que je n'avais pas d'infection mais que mes leucocytes en nombre étaient vraisemblablement dus à ma pathologie du sphincter urinaire traversé par un corps étranger.
Il a pris son temps, il voulait que je reparte sans larmes.
Il me reçoit sans me faire payer. Je sais que par ce geste qu'il a depuis que le diagnostic a été posé, il veut me dire que je suis invitée comme je le veux et quand je le veux à venir le voir dans son bureau.
Il me dit ainsi qu'à ses yeux, je ne suis pas qu'une patiente blessée mais aussi une femme qui a encore un peu de glamour dans son sourire. 


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