mercredi 29 octobre 2025

La haine ordinaire

 

© CHANG MARTIN/SIPA

Il y a la haine numérique, la haine distillée depuis un clavier, derrière un écran et qui est envoyée d’un seul clic à la terre entière. C’est une haine facile, anonyme la plupart du temps, qui se répand à foison sur les réseaux sociaux et qui vise les étrangers, les homosexuels des deux genres, ceux qui sont les deux à la fois et, depuis peu, les juifs y ont de nouveau droit. Eux, ils ont l’habitude, mais ils pensaient en avoir terminé, ils pensaient que les gens étaient devenus moins stupides. Eh bien non, tout le monde ramasse. Eux, un peu plus. 


Il y a une autre haine, plus sournoise et plus fourbe, car elle est dissimulée sous des allures de plaisanteries de salon. C’est la haine visqueuse et vulgaire des blagues sur le sexe. Si je les trouve vulgaires, ce n’est pas parce qu’elles sont en lien avec le sexe, c’est parce qu’elles sont avilissantes pour les femmes et que ce sont toujours des hommes que ça fait rigoler. Ils pourraient rire discrètement derrière leur écran, je n’en saurais rien, mais non, ils viennent écrire qu’ils rigolent et ils rajoutent même quelques ingrédients à la blague. Ils disent ainsi qu’ils sont d’accord et leurs potes renchérissent. C’est l’effet de meute, il fonctionne aussi bien pour la haine ordinaire que pour le mépris des femmes. Enfin, ça fonctionne pour eux, pas pour moi, car je me suis toujours demandé ce qu’un homme attendait d’une blague sur une moule (« moule », c’est juste un exemple parmi d’autres, j’aurais pu écrire « chatte »), à part le faire rire tout seul ou faire rire ses potes aussi limités que lui. 


Quand je découvre que ce sont des « amis » des réseaux sociaux qui se livrent à ces plaisanteries de petits vieux désœuvrés, je suis découragée. 

Je me dis que le chemin à parcourir est encore long pour les femmes. 

J’espère qu’on n’est pas en train de marcher à reculons. 

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