vendredi 24 octobre 2025

J'ai perdu un bédouin dans Paris

 


J’ai perdu un bédouin dans Paris

Arthur Essebag

Éditions Grasset


Comment vais-je pouvoir écrire sincèrement ce que j’ai pensé du texte d’Arthur ? 

Dire que j’avance en marchant sur des œufs pourrait résumer le dixième de mon appréhension, mais c’est encore pire que la métaphore, c’est la crainte de me prendre un sermon qui viendrait à la fois de ceux qui soutiennent un camp contre l’autre, quel que soit le camp d’ailleurs. 


Quand j’ai acheté « J’ai perdu un bédouin dans Paris », c’est parce que j’avais entendu Arthur sur France 5 et que j’avais lu son portrait dans Libé qui faisait l’éloge de son livre. L’homme m’avait émue, j’avais trouvé que son discours était en adéquation avec des discussions que j’avais eues avec des amis, particulièrement avec Tom Margalit. Moi aussi, j’ai toujours pensé que, sur le coup, on n’avait pas fait grand cas des victimes du 7 octobre. Ça a pris du temps. Et je fais aussi partie de ceux qui ont trouvé que la blague de Guillaume Meurice était pertinente. Je pense qu’il faut faire la différence entre un État et un gouvernement.

Mais, voilà, on ne peut plus rien dire à propos des victimes du 7 octobre au risque de se faire traiter de sioniste. Le mot qui est devenu une injure. 

Et on ne peut plus rien dire à propos des victimes gazaouies au risque de se faire traiter d’antisémite. Et là, c’est vraiment un mot qui est une injure. 

Et le livre d’Arthur dans tout cela ? Arthur est juif et il est terrassé. Il écrit sa peur et sa souffrance. Son impuissance aussi. 


« Mon livre est sur la solitude des juifs après le 7 octobre, sur ce sentiment d’abandon, sur cette peur croissante et sur la montée de l’antisémitisme », dit-il à Libé. Et c’est justement ce qui m’intéressait.
Mais voilà, Arthur n’est pas un écrivain et la lecture de son livre est une épreuve. Des phrases courtes qui reviennent systématiquement à la ligne et ressemblent plus à une prise de notes, des chapitres entrecoupés par une forme d’hommage aux victimes, un ensemble bancal qui fait de la peine pour ce livre qui est vendu comme un roman. Son titre « J’ai perdu un bédouin dans Paris », assez incongru semble être celui d’un roman léger, mais il faut bien vendre et accrocher les lecteurs…

Ce n’est certainement pas un roman, c’est une longue réflexion de 336 pages où Arthur crache sa colère et pleure sa souffrance comme un constat et cela ne m’a pas suffi. 


Je ne suis pas allée au bout (ce qui est exceptionnel), parce que le texte d’Arthur n’avait pas le souffle nécessaire pour porter le lecteur jusqu’à la dernière ligne. 

Alors, oui ! Arthur est juif, il est engagé, il est courageux. Il est producteur. 

Mais il n’est pas écrivain. 


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