lundi 16 novembre 2015

Lettre pour Ryan et tous les petits Ryan de France.



  
  Ryan, mon petit-fils, l’enfant de mes enfants, mon enfant, mon amour.
  Tu es le petit homme qui ne ressemble à personne, car tu ne ressembles qu’à ces deux personnes qui sont tes parents. Cette ressemblance à la fois inexistante et exclusive est très troublante et elle me plait.
  Tu es celui qui vient me dire que la chaleur du Sahara est au creux de ton ventre, que la rue de la casbah est au bout de ton doigt, que la douceur du thé est sur tes lèvres.
  Tu es le petit homme au profil de pharaon et aux yeux d’un Orient débordant de rêves.
  Tu es le petit homme incarnant mes souvenirs de pays que je ne reverrai plus.
  Tu es mon évidence. Je te connaissais avant que tu viennes au monde, je savais qu’un jour tu serais là et me tiendrais la main avec confiance.
  Je la sens toujours, ta petite main dans la mienne, tout abandonnée et aimante et je ne la lâcherai pas.
  Nous savions qu’il allait falloir être fort depuis déjà un moment, mais depuis vendredi soir, nous le savons encore plus.
  Les crevures qui veulent nous empêcher de vivre n’auront pas le dessus, je te le promets. Nous allons continuer à vivre, à rire, à boire, à être irrespectueux, à être artiste, à déranger, ça, je te le jure.
  Nous allons aussi empêcher les salopards de fascistes de nous imposer leur loi.
  Je sais que tout cela est compliqué pour toi et c’est mieux que tu ne comprennes pas tout et que tu laisses juste ta petite main dans la mienne.
  Moi, je sais ce que j’ai à faire et à dire et tu peux compter sur moi.
  Cela fait déjà bien longtemps que je dis à des gens que je ne les aime pas et que je ne veux plus les voir, mais je crois que je vais me montrer plus vigilante encore.
  Tu vois, c’est comme ça, mais je ne leur trouve pas d’excuses à ces gens racistes qui ne font pas de différence entre une crevure islamiste et un musulman, ou tout simplement quelqu’un qui est né de l’autre côté de la Méditerranée. Il n’y a plus d’excuses, car à force de vouloir les comprendre, on les laisse prendre de l’importance et, un jour, il sera trop tard.
  Dans un an et demi, nous allons élire notre Président de la République et il faudra choisir. Cela s’annonce compliqué, mais je sais ce que j’aurais à faire.
  C’est un peu pour cela que je t’écris aujourd’hui Ryan, c’est pour te dire ne pas t’inquiéter, on ne va pas faire n’importe quoi.
  Nous ne lâcherons rien, Ryan.
  Ta petite main dans la mienne.
  Tes yeux des mille et une nuits pour éclairer notre chemin.
  

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