Mes chers différents,
Il y a dix jours, à la veille du premier tour, je vous consacrais un billet pour alimenter le blog de nos vies dissoutes. Je vous avais choisis parce que vous êtes mes amis, parce que vous êtes différents et que vous faites partie de ceux qui ne seront jamais épargnés par le regard et le jugement des autres.
Naine, frisée, noire, un peu moins noire, lesbienne, pédé, comédien, auteur, metteur en scène, militant, militante. Chacun d’entre vous possède au moins l’une de ces différences, parfois deux, parfois trois et même quatre, si je réfléchis bien. La différence que vous possédez en commun, c’est d’appartenir au monde des adoptés.
Si la vie ne vous a pas fait de cadeau au départ, vous avez tous su composer avec vos différences, vous avez su en tirer quelque chose.
Sonia parvient à se faire des Brushings époustouflants qui effacent toutes ses boucles. Devant la caméra, elle se transforme en p’tite sœur lubrique de la Voie lactée et elle a même fait un bébé toute seule.
La nuit Sonia rêve qu’elle court un 100 mètres sur des échasses.
Un jour, elle siègera à l’Assemblée nationale, elle l’a promis à son père.
Magali est une héroïne de roman. Un jour elle est partie à la recherche de sa famille du Sri Lanka et elle a découvert qu’elle était la fille d’un homme célèbre durant la guerre civile, un homme intègre et admiré. Quand elle ne sillonne pas le Sri Lanka, Magali est une militante de la cause LGBTQIA+, engagée aux côtés des Verts.
La nuit, Magali rêve qu’elle gagne les élections contre Marine Le Pen.
Un jour, elle siègera à l’Assemblée nationale.
Nicolas est homosexuel. Sa vie différente, il l’écrit, la met en scène et la joue. Sa vie devient ainsi la vie de tous les autres différents qui ne se sentent plus différents. Nicolas me téléphone et me dit que non, je ne suis pas différente. Il m’affirme que je suis libre et que je dois le rester.
La nuit, Nicolas rêve que son dernier spectacle s’est fait démolir dans une critique de «Valeurs Actuelles».
Un jour, il jouera dans la cour d’honneur du Palais des papes.
Ma différente, ma petite,
La tornade brune ne t’emportera pas. L’orage est passé.
C’était un sale coup de vent qui nous a tous fait peur, mais nous savons bien que quand « le vent se lève, il faut tenter de vivre. »
Mes chers différents, ma petite différente, vous pouvez reprendre votre souffle et vivre.
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