mardi 7 mars 2017

La vie est dure, moi aussi. FIN

Jeanneke Pis      © Gwenaël Piaser 

Écrire le mot FIN de la saison de "La vie est dure, moi aussi" est surement le moment que j'attendais depuis le jour où une amie m'a assuré que cette saison aurait une fin. 

Il fallait qu'elle me donne  cette idée même d'une fin possible et autorisée car le premier jour qui d'ailleurs est le deuxième jour de "La vie est dure, moi aussi" et où j'ai commencé à ajouter un chiffre au chapitre , cette incrémentation m'a paru vertigineuse car je comprenais que je risquais de m'embarquer dans une saison sans fin.
J'avais donc la conviction qu'il faudrait écrire le mot Fin,  mais je n'aurais jamais pensé que ce serait aujourd'hui. 


Lundi dernier au CHU de Nimes, j'ai passé ma matinée entre les mains des soignants pour retirer ce cathéter de ma vessie, faire des tests, vérifier, constater ... J'attendais le  pire tout en espérant malgré tout le moins pire.  Personne ne m'avait laissé beaucoup d'espoir pour une récupération totale. Je m'étais préparée à accepter une récupération partielle, un handicap que l'on s'efforcerait de réparer puisque c'était une promesse faite par le chirurgien. Alors je m'accrochais à cette promesse.

Et rien ne s'est passé comme nous nous y étions tous préparés avec une sorte de résignation et aussi beaucoup de colère.
Dans le même laps de temps très rapide où souvent ce sont plutôt des catastrophes qui arrivent, là, c'est un miracle qui surprend tous les acteurs du dernier épisode de cette saison que j'aurais souhaitée ne jamais écrire et surtout ne jamais vivre. 

Le chirurgien me dit : - C'est une sorte de miracle ... Dans l'émotion, je comprends que je suis un miracle ... C'est peut être  ce qu'il m'a dit car il est aussi heureux que moi et semble quand même surpris. 
Je ressens sur le moment une incompréhension face à l'annonce de cette évidence inespérée du retour à la vie de ma vessie et de son étanchéité parfaite, exactement comme lorsque l'on voit arriver un bonheur auquel personne ne s'attendait et qu'on se dit : - Je cherche pas à savoir, je prends, comme un voleur.
Alors je prends sans comprendre, sans savoir comment j'ai pu faire échouer toutes les prévisions, comment mon corps a pu se déjouer de la rationalité scientifique. 

Moi qui me suis toujours retrouvée dans le groupe de l'infinitésimale  pourcentage des risques,  encore une fois je n'ai pas failli, j'ai persisté et je suis toujours dans le groupe de l'infinitésimale mais cette fois ci c'est le groupe des gagnants.

C'est l'occasion de vérifier ce qu'un copain (un médecin, il devait savoir ...)  m'a dit un jour pour  la drague :- Il ne faut jamais rien lâcher, on se prend des râteaux à tour de bras et puis un jour, miraculeusement, ça marche. Mais les râteaux, ça fait mal.

Quand je fais l'annonce du miracle à mon amie (je répète ce mot à l'envi, car j'aime bien la notion du miracle et surtout d'être un miracle puisque je ne crois pas du tout aux miracles, c'est donc justement là que se situe le vrai miracle), mon amie me dit que cela ne l'étonne pas car dans le mesure où elle me trouve hors norme pour tout, il lui semble évident que  je continue mon parcours hors norme jusqu'à  en étonner la Faculté. 

J'ai donc décidé que cette série n'aurait qu'une saison et que nous en étions aujourd'hui au dernier épisode.
FIN

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