dimanche 11 août 2024

Le mec de la tombe d'à côté


 « Le mec de la tombe d’à côté »
Katarina Mazetti traduction Lena Grumbach et Catherine Marcus) Ed Actes Sud. Collection Babel

Tout le monde l’a lu et tout le monde a dit que c’était un livre formidable, d’ailleurs c’est un best-seller adapté au cinéma et au théâtre, donc c’est forcément vrai.
Je ne l’avais jamais lu, je suis toujours un peu méfiante sur ces succès proclamés, mais la semaine dernière « Le mec de la tombe d’à côté » trainait dans un vide grenier entre une boite de Play Mobil et un séchoir à cheveux et la vendeuse me l’a laissé pour 1 € en me le recommandant. Je me suis dit que pour 1 €, j’allais satisfaire ma curiosité et que tant pis pour mes principes sur les droits d’auteur, il y a eu tant d’exemplaires vendus et de droits sur les adaptations que je peux me permettre cette entorse à mes convictions. 

Je résume le roman en quelques lignes, car je suis certaine que vous l’avez tous lu, il n’y avait que moi pour ne même pas connaître le synopsis. 

Désirée, une jeune veuve se rend sur la tombe de son mari dont j’ai oublié le prénom — c’est genre meuble Ikea — et elle rencontre Berny qui entretient la tombe voisine, celle de ses parents. C’est le début et il faut reconnaître que c’est assez bien foutu, la rencontre amoureuse entre Désirée et Berny est délicieuse et à leur âge on ne leur souhaite que ça. Leur première sortie amoureuse se déroule à la piscine et on se dit qu’il y a que les Suédois pour imaginer un premier rendez-vous dans une piscine, mais comme ils vont plus tard se tartiner des Wasa et lire le Dagens Nyheter (le grand quotidien suédois équivalent au Monde), tout est assez normal pour un roman suédois. 

Ce sont les trente premières pages, le sourire à tomber de Berny, son odeur d’étable et ses fringues de fermier puisqu’il élève des vaches et le côté insipide et fade de Désirée qui est intello et bibliothécaire. Trente pages durant lesquelles j’ai souri malgré la facilité sous-jacente avec laquelle l’auteure joue avec le lecteur, des ficelles un peu grosses, des scènes sexuelles qui manquent de sensualité et qui évoquent plus le clapier à lapins. Mais bon, ça me faisait encore rigoler même si c’était un peu vulgaire.

Et puis quand on est arrivé sur le terrain du gouffre culturel, ça s’est soudain gâté pour moi. Lorsque Désirée découvre que son amant qui l’envoie au septième ciel vit dans une ferme un peu crade et décorée de tableaux au point de croix et de napperons brodés, ça devient gênant. On se retrouve dans « L’amour est dans le pré », les clichés qui font rire, la bienveillance en moins parce que dans le roman, Désirée ne fait pas de cadeau à Berny. C’est d’ailleurs lui qui lui en fait, des cadeaux ringards dont elle se moque ouvertement. Et là, ça devient méchant et cruel parce que Berny, dès le départ il est gentil, touchant avec son sourire désarmant et que je me dis que même s’il a des goûts de chiotte, il ne mérite pas de se faire dézinguer comme ça. Moi, un mec performant et gentil à ce point, je fais un effort. 

Je suis arrivée à la moitié du roman en tournant les pages rapidement, car Désirée devenait carrément antipathique, que le roman devenait très vulgaire — pour que je le dise, c’est que ça doit l’être?! — et que l’histoire ne m’intéressait déjà plus. 

J’ai refermé le livre, car je n’avais plus aucune sympathie pour les personnages, tout était devenu cruel et méchant gratuitement et ne servait à rien et l’écriture déjà pas trop extraordinaire était devenue poussive à souhait. 

Bon, je sais, des centaines de milliers de lecteurs ont adoré ce roman et vous en faites peut-être partie… eh bien, moi, je n’ai pas du tout aimé et je ne comprends pas l’engouement qu’il y a eu pour ce titre.

Ma consolation ? Ce même jour, j’ai trouvé « Passion simple » d’Annie Ernaux en grand livre dans l’édition originale de Gallimard qui va remplacer ma version poche sur l’étagère de ma bibliothèque.

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