Dans ma découverte des commerces de Montauban, je cherchais une mercerie pour acheter du fil.
Je suis entrée dans ce que j’identifiais comme un magasin susceptible de vendre un peu de mercerie, mais quand je dis que je suis entrée, c’est une formulation d’usage, car je n’ai pas pu entrer. J’ai simplement pu déclencher une sonnette en poussant une porte qui s’est entrebâillée de vingt centimètres en allant buter contre des cartons. J’ai douté d’avoir poussé la bonne porte, alors je suis ressortie en prenant un peu de recul sur le trottoir, mais c’était bien la bonne entrée, j’ai donc repoussé la porte et j’ai essayé de passer ma tête.
Je me suis crue en Inde !
J’ai d’abord vu surgir une tête dans le fond et ensuite, par un couloir large de cinquante centimètres, un corps qui se frayait un chemin en marmonnant : « Faut pas que je grossisse. »
Quand la personne est arrivée, je lui ai demandé du fil, depuis le trottoir, en lui tendant un échantillon de tissu en passant ma main dans les vingt centimètres concédés par l’ouverture de la porte.
Je voulais du fil écru. Elle est revenue — assez longtemps plus tard — avec une bobine qu’elle m’a passée par l’entrebâillement.
« J’ai l’impression que le fil est blanc, pas écru », c’est ce que je lui dis, mais elle me répond : « Regardez bien, c’est blanc nacré. » J’ai bien regardé et j’ai trouvé que c’était poussiéreux, blanc poussiéreux, mais pas nacré. J’ai osé insister pour obtenir un ton plus beige et elle est repartie par le même goulot de cinquante centimètres pour revenir avec une bobine conforme au niveau couleur, mais qui sortait plus de sa boîte à couture personnelle que d’un rayon de la boutique. Je me permets de lui faire remarquer que, pour la couleur, ça pourrait aller, mais que la bobine est bien entamée. Elle ne nie pas, elle ne cherchait d’ailleurs pas à me le faire croire, elle me dit : « C’est pour vous dépanner. »
Je suis d’accord, je lui paie les trois euros qu’elle me réclame pour sa moitié de bobine de dépannage et me risque à lui demander s’il y a des merceries dans le centre-ville.
Sa réponse tombe, implacable :
« Moi, vous savez, j’ai déjà bien assez à faire avec tout ce que j’ai ici, alors je me moque complètement de ce que font les autres. »
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