Prosper, c’était ton nom. Un nom rigolo, un nom qui ne fait pas sérieux.
C’est ce que je m’étais dit quand nous avions été présentés en 2010. J’avais pensé « Yop la Boum, c’est le chéri de ces dames » et immédiatement après, j’avais aussi pensé au pain d’épices. Franchement idiot, mais inévitable quand on s’appelle Prosper, tu le savais !
C’était en Inde, nos Royal Enfield nous avaient rapprochés. Ça avait commencé comme ça, sur la route et ça s’était poursuivi autour d’un verre.
Je n’oublierai jamais la première soirée au sud de Pondichéry où tu nous as proposé de monter dans ta voiture pour que nous ne roulions pas à moto de nuit sur des routes indiennes hasardeuses. Tu es venu nous chercher au bas de notre appartement avec ta voiture et ton chauffeur. Je n’en croyais pas mes yeux et tu as joué de ma surprise. Tu m’as ouvert la portière arrière dans un cérémonial digne de la croisette avec un sourire très « le chéri de ces dames », un sourire irrésistible. Je n’ai aucune image de la soirée qui s’était déroulée dans un lieu très chic, seul le retour m’est resté en mémoire pour l’éternité.
La route noire, le chauffeur concentré, Phil Collins chante « One more night » et tu te retournes vers moi. C’est tout. C’était bouleversant.
Plus tard, nous étions devenus amis, tu passais chez nous rue Candapa, un bouquet de roses dans une main et une bouteille de whisky dans l’autre. Du whisky indien, de l’Amrut fusion, le meilleur du monde nous avais-tu appris et ce n’était pas une blague.
Généreux et attentionné, Prosper, celui qui apporte le bonheur, ton prénom t’allait si bien.
Je connaissais tes douleurs que tu n’évoquais jamais, tu souriais. Tu souriais si beau, si jeune et si charmant. Je te prenais en photo.
Nous ne nous sommes jamais quittés, les milliers de kilomètres entre nous ne comptaient pas.
Tu étais là.
Et tu n’es plus là.