samedi 13 janvier 2018

Tout le monde n'est pas Charlie.



Il y a des matins où j'ai le cœur qui saute quand je lis des statuts ou des partages sur Facebook.
Quand mon cœur saute parce qu'il tombe en amour, je me mets à rire et je ris avec tout le monde pour le reste de la journée.
Quand mon cœur saute en faisant une sorte de descente dans ma poitrine qui ressemble à un arrêt cela provoque aussi une phrase qui tournera en boucle dans mon cerveau pour le reste de la journée : de battre mon cœur s’est arrêté …

Ce matin il s’est arrêté pendant quelques secondes lorsque je suis tombée sur une photo humoristique proposant de s’arrêter ou non à un passage protégé sur lequel un piéton est engagé. C’est déjà à mon avis une proposition assez curieuse puisque lorsqu’un piéton est engagé le code de la route impose de s’arrêter et dans le cas de l’image proposé le piéton est au milieu du passage protégé et à mon avis encore (je donne beaucoup mon avis), il n’est même plus question de code de la route mais de respect de la vie d’autrui.
Jusqu’à là, rien d’humoristique sauf que le piéton qui traverse est le président Macron et qu’il est donc proposé un questionnaire sous l’image en question.
La première proposition est : « Je freine et je laisse passer Macron pour ne pas abimer ma voiture » et vous avez le choix entre oui et non. (il y a des gens qui répondent non)
La deuxième proposition est : « J’accélère à fond et fait une demande pour être décoré de la légion d’honneur » et là aussi vous avez le choix entre oui et non. (il y a des gens qui répondent oui)
C’est là que de battre mon cœur s’est arrêté car je me suis souvenu que de percuter un piéton, en effet ça vous bousillait une voiture mais pas que la voiture. Je peux vous expliquer dans le détail quel bruit cela fait, vous raconter l’explosion de tôle dans vos oreilles, le corps du piéton qui rebondit sur le parebrise et l’explose, son visage qui vient s’écraser sur le vôtre et sur lequel vous avez le temps de croiser le regard terrorisé de l’homme qui va mourir. Je peux vous décrire le corps de l’homme à terre qui a rebondi sur l’asphalte devant votre véhicule défoncé et qui est en train de vivre ses derniers instants, il est sur le dos, sa bouche se remplit de sang et soudain ses yeux se retournent. Il est mort.
Alors que des gens trouvent humoristique l’idée de ne pas freiner et d’écraser un piéton (Macron ou Sarko ou Fillon ou le pire du pire, est-ce le propos ?) devant autant de connerie et de ce qui est de l’ordre d’une incitation à la violence j’ai envie de pleurer.
L’humour c’est aussi de la finesse et de l’intelligence, c’est le respect de la démocratie, c’est la dénonciation mais ce n’est pas de l’appel au meurtre.
Tout le monde n’est pas Charlie.

jeudi 4 janvier 2018

Histoire d'oiseau.



J’ai trouvé un tout petit oiseau tombé du nid. Est-ce qu’il est tombé tout seul ou ne l’aurait-on pas un peu poussé ? On ne saura jamais. 
  Je suis arrivée à nourrir le petit oiseau et à le faire vivre loin de son nid en me faisant pousser des ailes d’oiseau pour faire croire à mon petit oiseau qu’il avait une maman oiseau. 
  Je ne voulais pas que mon petit oiseau se souvienne de sa chute quand on l’avait un peu poussé du nid, alors je plaçais mon oiseau au creux de mes ailes, ces grandes ailes qui m’empêchaient de marcher, mais qui protégeaient le petit oiseau, mon petit oiseau.
  Un jour, quand l’oiseau est devenu grand, je lui ai dit que je n’étais pas une maman oiseau et que mes ailes n’étaient pas des ailes, mais que c’étaient des bras.
  Tout étonné, l’oiseau m’a regardée et, en déployant ses ailes, il m’a dit : « Regarde ! Moi aussi, j’ai des bras ! »